Les représentants togolais en compétitions africaines, l’ASKO et l’ASCK ont échoué à atteindre les phases de groupes cette saison. Ces éliminations soulèvent des questions sur la préparation et l’organisation des clubs togolais à ce niveau de compétition.
Entre erreurs tactiques, manque de continuité et faiblesse mentale, plusieurs facteurs expliquent ces contre-performances.
ASKO : une gestion des talents qui montre ses limites
ASKO, malgré sa domination nationale ces dernières années, peine à franchir un cap sur la scène continentale. L’élimination contre le Djoliba AC du Mali révèle des lacunes dans la gestion de l’effectif et la stratégie globale du club. Le recrutement de joueurs étrangers, venus renforcer l’équipe, n’a pas produit l’effet escompté.
Brillant au premier tour préliminaire avec une réalisation à Lomé, Adam Musah n’a par exemple pas réussi à imposer son jeu dans des matchs cruciaux suivants. Le club semble coincé dans une spirale où les renforts brillent uniquement au niveau local, mais peinent à performer contre des équipes africaines plus aguerries.
L’erreur majeure d’ASKO est de renouveler son effectif chaque saison, sans véritable continuité. Une équipe performante sur le continent se construit sur la durée, autour d’un noyau solide de joueurs. La stabilité est essentielle pour développer une cohésion, et cette absence de projet à long terme handicape le club lors des compétitions africaines.
Une incapacité à gérer les moments clés
L’un des points faibles d’ASKO réside dans son incapacité à se montrer décisif dans les moments cruciaux. Contre Djoliba, l’équipe a manqué d’audace et de créativité, en particulier au milieu de terrain. Les Kondona n’ont pas réussi à contrôler le jeu, enchaînant les erreurs techniques et les fautes de concentration.
Trop souvent, l’équipe est restée dans l’attente, espérant des décisions arbitrales ou comptant sur des coups de chance plutôt que de s’imposer par le jeu. Ce manque de caractère se ressent aussi dans la préparation mentale. Lors des grands rendez-vous, les joueurs semblent submergés par l’enjeu, incapables de poser le jeu ou de réagir face à l’adversité.
Pour progresser, ASKO devra investir dans une préparation psychologique solide, capable de préparer ses joueurs aux défis mentaux des compétitions africaines.
ASCK : une défense en grande difficulté
L’ASCK, pour sa part, a été éliminé par l’ASEC Mimosas après avoir pourtant pris un avantage lors du match aller. La défense des Chauffeurs de la Kozah a montré ses faiblesses, notamment en termes de concentration et de rigueur. Ouro-Wetchire, fautif sur plusieurs phases de jeu, incarne ces erreurs répétitives qui coûtent cher à ce niveau de la compétition.
Cette élimination met en lumière un problème récurrent : l’ASCK n’arrive pas à tenir ses résultats. Lors des phases à élimination directe, une équipe se doit de rester concentrée jusqu’au bout. L’ASCK semble encore loin d’avoir acquis cette rigueur nécessaire à une campagne continentale réussie.
Un manque de professionnalisme à tous les niveaux
Le principal point commun entre ces deux clubs est le manque de professionnalisme global dans l’organisation. Alors que l’ASEC Mimosas et Djoliba s’appuient sur des structures solides et une gestion de club professionnelle, les clubs togolais souffrent encore d’une gestion amateur.
Les compétitions africaines exigent des clubs une approche rigoureuse, tant au niveau de la gestion des effectifs, de la préparation physique que de l’approche tactique. Les infrastructures locales, le calendrier national et le suivi des joueurs ne sont pas encore à la hauteur des standards africains.
Le coach de l’ASCK, Jonas Kokou, l’a d’ailleurs souligné après l’élimination, en indiquant que le football ivoirien est professionnel, tandis que le Togo demeure dans une approche amateur. Cette différence structurelle se ressent dans les résultats.
Quel avenir pour le football togolais sur le continent ?
Ces échecs répétés montrent que le football togolais doit revoir ses priorités. Les clubs tels que l’ASKO et l’ASCK doivent se professionnaliser davantage, travailler sur la continuité de leurs effectifs, et investir dans une préparation mentale et physique adaptée aux exigences continentales.
Le manque de patience dans le développement des projets, combiné à une gestion à court terme, empêche les clubs togolais de progresser au-delà des compétitions nationales. À cela s’ajoute un manque de niveau de formation dans les académies de football destinées à produire les talents locaux recherchés par ces clubs.
Il est donc urgent que les clubs se dotent également de moyens de formation adéquats pour les jeunes, afin de faire progresser eux-mêmes de jeunes pépites qui pourront leur être utiles dans quelques années. Si ces aspects ne sont pas corrigés, les éliminations précoces en compétitions africaines risquent de devenir une triste habitude pour le football togolais.